La mort d’une célébrité, d’une star mondiale, et ces circonstances, marquent toujours profondément l’ensemble de ceux qui l’aimaient. Ce décès vient mettre en lumière et donner un écho international à une « épidémie ». Il semblerait bien que Prince ait été aux prises avec une addiction aux anti douleurs et que sa mort soit la cause directe de son addiction.
Prince est loin d’être la seule victime dans ce cas, car c’est une véritable épidémie qui touche aujourd’hui les USA. Épidémie d’overdose médicamenteuse qui a provoqué plus de 19 000 décès l’année dernière, soit d’avantage que le nombre d’accidents de la route.
En 2012, le chiffre s’élevait à 16 500 personnes décédées d’une overdose d’antalgiques opiacés sur le territoire américain. Ce chiffre représente plus de décès que ceux causés par les surdoses de cocaïne et d’héroïne réunies avait conclu une étude de Montréal (Canada).
Les overdoses concernent :
60% des overdoses adviennent donc dans le cadre d’une consommation d’antidouleur opiacés prescrites.
Trois produits sont concernés
A l’origine prescrits pour des douleurs liés aux cancers, leur usage s’est répandu pour des maux de moindre intensité.
Les anti douleurs des drogues comme les autres ?
Les médicaments sont prescrits dans un but précis mais ce que vient pointer l’épidémie de ces dérivées opiacés est l’usage massif et le risque « d’accrochage » pour ceux qui les utilisent.
Ce qui revient à dire que les médecins, au-delà des mésusages inhérent à ce type de produits, doivent faire preuve d’une vigilance accrue dans les prescriptions et notamment sur leur durée. Avec ce type de produits, les patients peuvent se trouver dans une situation où l’augmentation des quantités est nécessaire pour retrouver l’effet apaisant, ou l’effet euphorisant qu’ils apportent.
La même étude de l’Université Mc Gill concluait : « « Mais nous avons trouvé peu de preuves concernant la vente de médicaments sur internet ou d’erreurs de prescription »(…) « En fait, nous faisons face à une sorte d’épidémie de surconsommation d’opiacés dans laquelle les médecins, les utilisateurs, les systèmes de soins de santé et l’environnement jouent tous un rôle ».
A lire en complément : http://www.huffingtonpost.fr/2016/05/04/prince-mort-specialiste-addictions-_n_9841804.html
L ‘alcool le produit le plus répandu, qui tue le plus, et qui coûte le plus cher à la communaut
Le coût estimé récemment par la première étude du type en France mené par l’OFDT permet de considérer des chiffres tout à fait éclairants… et alarmants.
L’alcool = 120 milliards /an
Pour l’alcool, il s’agit de 120 milliards/an, soit un coût absolument gigantesque.
Je rappelle que pour ce produit c’est 50 000 morts/an. Les accidents de la route, cause nationale s’il en est, représentent moins de 3000 morts/an !! La proportion de l’un à l’autre est étonnante et à la mesure de la manière dont on en parle.
Tout a été dit et notamment autour des lobbys qui « empêcheraient » que l’on parle « justement » de l’alcool. Bien sûr cela est à chercher ailleurs, dans les pratiques collectives et dans la tolérance de chacun avec une question « tabou ».
Le coût social de chaque consommateur à problème au terme de cette étude s’élève à plus de 30 000€. Si l’on tient compte du fait que la majeure partie de ces malades ne font l’objet d’aucune prise en charge, nous voyons le chemin qui reste à parcourir en termes de propositions de soins et de dispositifs adaptés à la situation.
Les drogues illicites = 8 milliards/an
La différence entre les coûts s’explique par la diffusion moindre et par conséquent le nombre de malades correspondants. Les drogues illicites comprennent l’héroïne, la cocaïne, et aussi le cannabis qui représente beaucoup de consommateurs (4, 6 millions en 2014), nombre relativement faible par rapport aux chiffres de l’alcool classé à problème (550 000 environ).
Les overdoses sont aussi plus faibles, 264 morts en 2012 (moins que la grippe hivernale qui tue 2000 personnes/an), du fait des programmes de substitutions et de réductions des risques. Les populations concernées sont elles aussi quantitativement plus faibles, il faut le noter.
Deux poids deux mesures ?
La question de l’alcool reste dans notre pays une question majeure de santé publique.
Le bruit médiatique fait autour des drogues est à mettre en parallèle avec le silence assourdissant autour de « l’hécatombe » de l’alcool.
Comprenons nous, il ne s’agit pas de faire silence sur les drogues mais de rompre ce silence autour du décès de 130 personnes /jour !
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